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systèmes d’idées qui ont varié avec le goût de chaque siècle, les Arabes adoptèrent la philosophie d’Aristote, également intelligible ou également obscure pour les lecteurs de tous les temps. Platon avait écrit pour les Athéniens ; et l’esprit de ses allégories est uni d’une manière trop intime à la langue et à la religion de la Grèce. Après la chute de cette religion, les péripatéticiens, sortant de leur obscurité, triomphèrent dans les controverses des sectes orientales, et leur fondateur fut rendu long-temps après par les musulmans d’Espagne aux écoles latines[1]. En physique, les progrès des véritables connaissances avaient été retardés par les enseignemens de l’académie et du lycée, qui avaient mis dans cette science le raisonnement à la place de l’observation. La superstition a fait trop d’usage de la métaphysique de l’esprit infini et de l’esprit fini ; mais la théorie et la pratique de la dialectique fortifient nos facultés intellectuelles ; les dix catégories d’Aristote généralisent et mettent en ordre nos idées[2], et son syllo-

    876. Il était à la tête d’une école ou d’un atelier de traducteurs, et les ouvrages de ses disciples ont été publiés sous son nom. Voyez Abulpharage (Dynast., p. 88, 115, 171-174, et apud Assemani, Bibl. orient., t. II, p. 438), d’Herbelot (Bibl. orient., p. 456), Assemani (Bibl. orient., t. III, p. 164), et Casiri (Bibl. arabico-hispana, t. I, p. 238, etc., 251, 286-290, 302-304, etc.).

  1. Voyez Mosheim, Instit. Hist. ecclés., p. 181, 214, 236, 257, 315, 338, 396, 438, etc.
  2. Le Commentaire le plus élégant sur les catégories ou