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tenace et inflammable[1], qui vient de la terre, et qui prend feu dès qu’elle touche l’atmosphère, était le principal ingrédient du feu grégeois. Le naphte se mêlait, j’ignore de quelle manière et dans quelle proportion, avec le soufre et avec la poix qu’on tire des sapins[2]. De cette mixtion, qui produisait une fumée épaisse et une explosion bruyante, sortait une flamme ardente et durable qui non-seulement s’éle-

    ou l’autre étymologie, Ελαιον Μηδιας ou Μηδειας (Procope, De bell. gothic., l. IV, c. 11) peut signifier ce bitume liquide.

  1. Voyez sur les différentes espèces d’huiles et de bitumes, les Essais chimiques (vol. V, essai I) du docteur Watson (aujourd’hui évêque de Landaff). Ce livre classique est le plus propre de tous ceux que je connais à répandre le goût et les lumières de la chimie. Les idées moins parfaites des anciens se trouvent dans Strabon (Géograph., l. XVI, p. 1078), et Pline (Hist. nat., II, p. 108, 109) ; huic (NAPHTÆ) magna cognatio est ignitium, transiliuntque protinus in eam undecunque visam. Otter (t. I, p. 153-158) est celui de nos voyageurs qui me satisfait davantage sur ce point.
  2. Anne Comnène a levé en partie le voile. Απο της πευκης, και αλλων τινων τοιο‌υτων δενδρων αειθαλων συναγεται δακρυον ακαυσ‌τον. Το‌υτο μετα θειο‌υ τριβομενον εμβαλλεται εις αυλισκο‌υς καλαμων και εμφυσαται παρα το‌υ παιζοντος λαβρῳ και συνεχει πνευματι (Alexiad., l. XIII, p. 383). Ailleurs elle fait mention de la propriété de brûler, κατα το πρανες και εφ’εκατερα. Léon, au dix-neuvième chap. de sa Tactique (Opera Meursii, t. VI, p. 843, édit. de Lami, Florence, 1745), parle de la nouvelle invention du πυρ μετα βροντης και καπνο‌υ. Ce sont là des témoignages originaux, et de personnages du haut rang.