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d’or et d’argent, et l’inscription de ces monnaies appelées dinars, bien qu’elle pût être censurée par quelque sévère casuiste, annonçait l’unité du dieu de Mahomet[1]. Sous le règne du calife Walid, on cessa d’employer la langue et les caractères grecs dans les comptes du revenu public[2]. Si ce changement a produit l’invention ou établi l’usage des chiffres qu’on appelle communément arabes ou indiens, un règlement de bureau imaginé par les musulmans a donné lieu aux découvertes les plus im-

  1. Elmacin, qui indique la fabrication des monnaies arabes (A. H. 76, A. D. 695) cinq ou six ans plus tard que les historiens grecs, a comparé le poids du dinar d’or le plus fort ou le plus commun, à la drachme ou dirhem d’Égypte (p. 77), qui équivaut à environ deux pennies (48 gr.) de notre poids (Hooper, Inquiry into ancient measures, p. 24-36), ou à environ huit schellings de la monnaie d’Angleterre. On peut conclure d’Elmacin et des médecins arabes, qu’il y avait des dinars qui valaient jusqu’à deux dirhems, et d’autres qui ne valaient qu’un demi-dirhem. La pièce d’argent était le dirhem en poids et en valeur ; mais une pièce très-belle, malgré son ancienneté, fabriquée à Waset (A. H. 88), et conservée dans la Bibliothéque Bodléienne, est de quatre grains au-dessous de l’étalon du Caire. (Voy. l’Histoire universelle moderne, t. I, p. 548 de la traduction française.)
  2. Και εκωλυσε γραφεσθαι ελληνισ‌τι το‌υς δημοσιο‌υς των λογοθεσιων κωδικας, αλλ' Αραβιοις αυτα παρασεμαινεσθαι χωρις των ψηφων, επενδη αδυνατον τη εκεινον γλωσση μοναδα, η δυαδα, η τριαδα η οκτω ημισν η τρια γραφεσθαι. (Théophane, Chronograph., p. 314.) Ce défaut, s’il existait réellement, dut exciter les Arabes à inventer ou emprunter un autre moyen.