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de l’Arabie et de la Perse, la maison d’Ommiyah[1] ne possédait plus que les royaumes de la Syrie et de l’Égypte ; son embarras et sa frayeur la déterminèrent à céder toujours davantage aux pressantes demandes des chrétiens, et l’on convint du tribut d’un esclave, d’un cheval et de mille pièces d’or pour chacun des trois cent soixante-cinq jours de l’année solaire ; mais dès qu’Abdalmalek eut, par ses armes et par sa politique, rétabli l’intégrité de l’empire, il se refusa à une marque de servitude qui blessait sa conscience non moins que sa fierté ; il cessa de payer le tribut ; et les Grecs, affaiblis par la tyrannie extravagante de Justinien II, par la légitime rebellion du peuple et le fréquent renouvellement de ses adversaires et de ses successeurs, ne purent le demander les armes à la main. Jusqu’au règne d’Abdalmalek, les Sarrasins s’étaient contentés de jouir des trésors de la Perse et de ceux de Rome, sous l’empreinte de Chosroès ou de l’empereur de Constantinople ; ce calife fit fabriquer des monnaies

    énergie, την Ρωμαικην δυνασ‌τειαν ακρωτηριασας… πανδεινα κακα πεπονθεν η Ρωμανια υπο των Αραβων μεχρι το‌υ νυν (Chronog., p. 302, 303). On peut recueillir la suite de ces événemens dans les Annales de Théophane et dans l’Abrégé du patriarche Nicéphore, p. 22-24.

  1. Ces révolutions sont exposées d’un style clair et naturel dans le second volume de l’histoire des Sarrasins, par Ockley (p. 233-370). Outre les auteurs imprimés, il a tiré des matériaux des manuscrits arabes d’Oxford, qu’il aurait fouillés avec encore plus de soin, s’il eût été enfermé dans la Bibliothéque Bodléienne, au lieu de l’être dans la prison de la ville, sort bien indigne d’un tel homme et de son pays.