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de l’inauguration simple et martiale des sultans turcs[1].

Paix et tribut. A. D. 677.

L’issue du siége rétablit dans l’Orient et l’Occident la gloire des armes romaines et obscurcit pour un moment celle des Sarrasins. L’envoyé de l’empereur à Damas fut bien reçu dans un conseil général des émirs ou koreishites ; les deux empires signèrent une paix ou une trêve de trente ans, et le commandeur des croyans abaissa sa dignité jusqu’à promettre un tribut annuel de cinquante chevaux de bonne race, de cinquante esclaves et de trois mille pièces d’or[2]. Ce calife était avancé en âge ; il voulait jouir de son pouvoir et terminer sa carrière dans la tranquillité et le repos : tandis que son nom faisait trembler les Maures et les Indiens, son palais et la ville de Damas étaient insultés par les Mardaïtes ou Maronites du mont Liban, qui ont été la meilleure barrière de l’empire, jusqu’à l’époque où la politique soupçonneuse des Grecs les désarma et les relégua dans une autre contrée[3]. Après la révolte

  1. Démétrius Cantemir, Hist. de l’empire ottom., p. 105, 106 ; Ricaut, État de l’empire ottoman, p. 10, 11 ; Voyages de Thevenot, part. I, p. 189. Les chrétiens qui supposent que les musulmans confondent pour l’ordinaire le martyr Abu-Ayub et le patriarche Job, prouvent leur ignorance au lieu de celle des Turcs.
  2. Théophane, malgré sa qualité de Grec, est digne de confiance sur ces tributs (Chronogr., p. 295, 296, 300, 301), confirmés avec quelque différence par l’histoire arabe d’Abulpharage (Dynast., p. 128, vers. de Pococke).
  3. La critique de Théophane est juste et exprimée avec