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CHAPITRE LII.

Les deux siéges de Constantinople par les Arabes. Leur invasion en France, et leur défaite par Charles Martel. Guerre civile des Ommiades et des Abbassides. Littérature des Arabes. Luxe des califes. Entreprises navales sur l’île de Crète, sur la Sicile et sur Rome. Décadence et division de l’empire des califes. Défaites et victoires des empereurs grecs.

Bornes des conquêtes des Arabes.

Lorsque les Arabes sortirent de leur désert pour la première fois, ils durent s’étonner de la facilité et de la rapidité de leurs succès ; mais lorsque dans leur carrière triomphante ils arrivèrent aux bords de l’Indus et au sommet des Pyrénées ; lorsque après une foule d’épreuves ils eurent reconnu toute la force de leurs cimeterres et toute l’énergie de leur foi, ils durent s’étonner également de trouver quelque nation capable de résister à leurs invincibles armes, et quelques limites capables de borner l’empire des successeurs du prophète. On peut pardonner cette confiance à des fanatiques et à des soldats, quand on songe que l’historien qui suit aujourd’hui avec calme les triomphes des Sarrasins, a besoin d’un assez grand travail pour s’expliquer comment la religion et les peuples de l’Europe, l’Espagne exceptée, ont pu échapper à ce danger imminent et en apparence presque inévitable. Les déserts des Scythes et des Sarmates étaient gardés par leur étendue, par leur pauvreté et le courage des pasteurs du Nord ; la Chine était