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les livres de Zoroastre, vinrent se briser contre leur ignorance ; et c’est par esprit de modération ou par mépris que les souverains actuels n’inquiètent pas ce reste de mages[1].

Décadence et chute du christianisme en Afrique.

La côte septentrionale de l’Afrique est le seul pays où la lumière de l’Évangile ait tout-à-fait disparu après un établissement complet et de longue durée. Un nuage d’ignorance avait enveloppe dans les mêmes ténèbres les sciences qu’avaient répandues Carthage et Rome : on n’étudiait plus la doctrine de saint Cyprien ou de saint Augustin. La fureur des donatistes, des Vandales et des Maures avait renversé cinq cents églises épiscopales. Le zèle et le nombre des prêtres étaient diminués, et le peuple, privé de règle, de lumières et d’espérance, se soumit docilement au joug du prophète arabe. [A. D. 749.]Un demi-siècle après l’expulsion des Grecs, un lieutenant de l’Afrique informa le calife que le tribut que payaient les infidèles se trouvait aboli par leur conversion[2] ; et bien que

  1. Ce que j’ai dit de l’état où se trouvent aujourd’hui les guèbres dans la Perse, est tiré de Chardin, qui, sans être le plus savant, est le plus judicieux de nos voyageurs modernes, et celui qui a mis le plus de zèle dans ses recherches. (Voyages en Perse, t. II, p. 109, 179, 187, in-4o.) Pietro della Valle, Olearius, Thevenot, Tavernier, etc., que j’ai consultés vainement, n’avaient ni des yeux assez exercés ni assez d’attention pour bien examiner ce peuple intéressant.
  2. La lettre d’Abdoulrahman, gouverneur ou tyran de l’Afrique, au calife Aboul-Abbas, le premier des Abbassides, est datée A. H. 132 (Cardonne, Hist. de l’Afrique et de l’Espagne, t. I, p. 168).