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s’emparèrent de l’Inde épargnèrent les pagodes de ce peuple nombreux et dévot. Les disciples d’Abraham, de Moïse et de Jésus furent invités solennellement à adopter la révélation plus parfaite de Mahomet ; mais s’ils aimaient mieux payer un tribut modéré, on leur accordait la liberté de conscience et la permission d’adorer Dieu à leur manière[1]. [Propagation du mahométisme.]Les prisonniers qu’on faisait sur un champ de bataille, dévoués à la mort, rachetaient leur vie en professant l’islamisme ; les femmes devaient embrasser la religion de leurs maîtres, et l’éducation des enfans des captifs augmentait peu à peu le nombre des prosélytes de bonne foi. Mais les millions de néophytes de l’Afrique qui se déclarèrent en faveur de la religion nouvelle, furent sans doute entraînés par la séduction plutôt que par la force. Une légère opération, une simple profession de foi faisait en un moment du sujet ou de l’esclave, du captif ou du criminel un homme libre, l’égal et le compagnon des musulmans victorieux. Tous ses péchés étaient expiés, tous ses engagemens rompus ; aux vœux de chasteté étaient substitués les penchans de la nature ; la trompette des Sarrasins éveillait les esprits actifs endormis dans le cloître, et dans cette convulsion générale, chaque

  1. La conversation du calife Al-Mamoun avec les idolâtres ou les sabéens de Charræ, expose d’une manière très-nette la distinction entre une secte proscrite et une secte tolérée, entre les Harbii et le peuple du livre, ou ceux qui croyaient à une révélation divine. (Hottinger, Hist. orient., p. 107, 108.)