ses successeurs tira du même royaume un revenu annuel de douze millions et quarante-cinq mille dinars ou pièces d’or, c’est-à-dire d’environ six millions sterling[1], somme qui, au dixième siècle, surpassait vraisemblablement la totalité des revenus de tous les monarques chrétiens. Le calife résidait à Cordoue, ville qui renfermait six cents mosquées, neuf cents bains et deux cent mille maisons ; il donnait des lois à quatre-vingts villes du premier ordre, a trois cents du second et du troisième, et douze mille villages ou hameaux ornaient les fertiles bords du Guadalquivir. Sans doute les Arabes se sont livrés à l’exagération, mais l’Espagne n’a jamais été plus riche, mieux cultivée et plus remplie d’habitans que sous leur empire[2].
- ↑ Cardonne, t. I, p. 337, 338, évalue ce revenu à cent trente millions de livres de France. Ce tableau de la paix et de la prospérité de leur empire, soulage de la sanglante uniformité de l’histoire des Maures.
- ↑ J’ai le bonheur de posséder un magnifique et intéressant ouvrage qui n’a point été mis en vente, mais que la cour de Madrid a distribué en présens, la Bibliotheca arabico-hispana escurialensis, operâ et studio Michaelis Casiri, Syro Maronitæ, Matriti, in folio, tomus prior, 1760,
commencé qu’en 1022, un siècle après le temps de Rasis (Bibl., t. II, p. 330) ; et ce nom désignait non pas une province tributaire, mais une suite de châteaux qui n’étaient pas soumis aux Maures (d’Anville, États de l’Europe, p. 166-170). Si Casiri avait été un bon critique, il aurait éclairci une difficulté à laquelle peut-être il a donné lieu.