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après la conquête, on présenta au calife une carte de l’Espagne ; on y voyait indiqués les mers, les rivières et les havres, les villes et le nombre des habitans, le climat, le sol et les productions minérales[1]. Dans l’espace de deux siècles, l’agriculture[2], les manufactures et le commerce d’un peuple industrieux ajoutèrent aux bienfaits de la nature ; et les effets de l’activité des Arabes ont été embellis encore par leur oisive imagination. Le premier des Ommiades qui régna en Espagne sollicita l’appui des chrétiens ; et par son édit de protection et de paix, il se borna à un modique tribut de dix mille onces d’or, de dix mille livres d’argent, de dix mille chevaux, de dix mille mulets, de mille cuirasses, et d’un pareil nombre de casques et de lances[3]. Le plus puissant de

  1. Cardonne, Histoire de l’Afrique et de l’Espagne, t. I, p. 116, 117.
  2. Il y a dans la Bibliothéque de l’Escurial un long Traité d’Agriculture, composé au douzième siècle par un Arabe de Séville, et Casiri a eu quelque envie de le traduire. Il donne une liste des auteurs arabes, grecs, latins, etc., qui s’y trouvent cités ; mais c’est déjà beaucoup si l’écrivain andalous a connu les derniers par l’ouvrage de Columelle son compatriote (Casiri, Bibl. arab.-hisp., t. I, p. 323-338).
  3. Bibl. arabico-hispana, t. II, p. 104. Casiri traduit le témoignage original de l’historien Rasis, tel qu’il se trouve dans la Biographia hispanica arabe, part. 9 ; mais je suis extrêmement surpris de le voir adressé Principibus cæterisque christianis Hispanis suis CASTELLÆ. Le nom de Castellæ était inconnu au huitième siècle ; ce royaume n’a