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nées, jusqu’à l’époque où l’établissement de la maison d’Ommiyah termina leurs discordes civiles ; alors le calife Moawiyah fut invité par les cris des Africains eux-mêmes à repasser en Afrique. Les successeurs d’Héraclius avaient reçu la nouvelle du tribut que la force venait d’imposer aux sujets de la province romaine en Afrique ; mais au lieu de prendre pitié de ce peuple et d’alléger sa misère, ils le chargèrent, à titre de compensation et d’amende, d’un second tribut de la même somme. Les Africains alléguèrent vainement leur pauvreté et leur ruine totale ; le ministère de Constantinople fut inexorable ; dans leur désespoir, ils préférèrent la domination d’un seul maître ; et les extorsions du patriarche de Carthage, revêtu du pouvoir civil et du pouvoir militaire, déterminèrent les sectaires et même les catholiques à abjurer la religion ainsi que l’autorité de leurs tyrans. Le premier lieutenant de Moawiyah se couvrit de gloire ; il subjugua une ville importante ; il battit une armée de trente mille Grecs ; il fit quatre-vingt mille captifs, et enrichit de leurs dépouilles les aventuriers de la Syrie et de l’Égypte[1]. Mais le surnom de Vainqueur de l’Afrique appartient plus justement à Akbah son successeur. Celui-ci partit de Damas à

  1. Théophane (in Chronogr., p. 298) rapporte les bruits vagues qui arrivaient à Constantinople sur les conquêtes des Arabes à l’occident ; et Paul Warnefrid, diacre d’Aquilée (De gest. Langobard., l. V, c. 13) nous apprend qu’à cette époque ils envoyèrent une flotte d’Alexandrie dans les mers de la Sicile et de l’Afrique,