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césars, et l’on ouvrit du Nil à la mer Rouge un canal d’au moins quatre-vingts milles de longueur. Cette navigation intérieure, qui aurait réuni la Méditerranée et l’océan de l’Inde, fut bientôt abandonnée comme inutile et dangereuse ; le siége du gouvernement avait passé de Médine à Damas, et on craignit que les flottes grecques ne pénétrassent jusqu’aux saintes cités de l’Arabie[1].

Richesse et population.

Omar ne connaissait que par la renommée et les légendes du Koran l’Égypte qu’on venait de lui soumettre ; il voulut que son lieutenant lui fit la description du royaume de Pharaon et des Amalécites, et la réponse d’Amrou offre une peinture piquante et assez exacte de ce singulier pays[2]. « Ô commandeur des croyans, lui dit-il, l’Égypte est un composé

  1. Ce qui a rapport à ces canaux est bien obscur. C’est au lecteur à arrêter son opinion d’après la lecture de d’Anville (Mém. sur l’Égypte, p. 108, 110, 124, 132), et d’une savante thèse soutenue et imprimée à Strasbourg en 1770 (Jungendorum marium fluviorumque molimina, p. 39-47, 68-70). Les Turcs eux-mêmes, malgré leur négligence, ont agité l’ancien plan de joindre les deux mers (Mémoires du baron de Tott, t. IV).
  2. Pierre Vattier publia en 1666, à Paris, un petit volume des Merveilles de l’Égypte, composé au treizième siècle par Murtadi, habitant du Caire, et traduit d’après un manuscrit arabe qui appartenait au cardinal Mazarin. Ce que dit l’auteur des Antiquités de l’Égypte est absurde et extravagant ; mais ses détails sur la conquête et la géographie de sa patrie méritent la confiance et l’estime (Voyez la Correspondance d’Amrou et d’Omar, p. 279-289).