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au sud des ruines de Babylone. Ils étaient prompts et vigoureux dans l’action ; mais leur amitié était vénale, leur foi légère et leur inimitié capricieuse : il était plus facile d’exciter ces Barbares errans que de les désarmer ; et dans la familiarité qu’entraîne la guerre, ils apprenaient à connaître et à mépriser l’éclatante faiblesse de Rome et de la Perse. Les Grecs et les Latins confondaient les tribus arabes répandues de la Mecque à l’Euphrate[1], sous le nom général de Sarrasins[2], que tout chrétien a été

  1. Les Σαρακηνικα φυλα, μυριαδες ταυτα, και το πλειστον αυτων ερημονομοι, και αδεσποτοι sont décrits par Ménandre (Excerpt. legat., p. 149), par Procope (De bell. pers., l. I, c. 17-19 ; l. II, c. 10), et avec les couleurs les plus vives, par Ammien-Marcellin (l. XIV, c. 4), qui les fait connaître dès le temps de Marc-Aurèle.
  2. On a ridiculement fait venir ce nom qu’emploient Ptolémée et Pline dans une acception plus réservée, et auquel Ammien et Procope donnent un sens plus étendu, de Sarah, femme d’Abraham ; on l’a fait venir d’une manière assez peu claire du village de Saraka μετα Ναβαταιο‌υς (Stephan., De urbibus), et d’une manière plus plausible de mots arabes, qui signifient un caractère disposé au vol, ou qui désignent leur situation à l’Orient (Hottinger, Hist. orient,, liv. I, c. 1, p. 7, 8 ; Pococke, Specimen, p. 33-35 ; Assemani, Bibl. orient., t. IV, p. 567). Mais la dernière et la plus reçue de ces étymologies est réfutée par Ptolémée (Arabia, p. 2, 18, in Hudson, t. IV), qui remarque expressément la position occidentale et méridionale des Sarrasins, qui étaient alors une tribu obscure établie sur les frontières de l’Égypte. Cette dénomination ne peut donc pas avoir eu rapport au caractère national ; et puisqu’elle a été donnée