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mais je ne veux avoir de commerce avec les Grecs ni dans ce monde ni dans l’autre ; je renie à jamais le tyran qui donne des lois à Byzance, son concile de Chalcédoine, et les melchites, ses esclaves. Mes frères et moi nous sommes résolus de vivre et de mourir dans la profession de l’Évangile et de l’unité de Jésus-Christ. Nous ne pouvons embrasser la religion de votre prophète, mais nous désirons la paix, et nous consentons de bon cœur à rendre tribut et obéissance à ses successeurs temporels. » Le tribut fut fixé à deux pièces d’or pour chaque chrétien ; les vieillards, les moines, les femmes et les enfans des deux sexes jusqu’à l’âge de seize ans, furent exemptés de cette taxe personnelle : les cophtes établis au-dessus et au-dessous de Memphis prêtèrent serment de fidélité au calife, et promirent de donner durant trois jours l’hospitalité à tout musulman qui voyagerait dans leur canton. Cette chartre de sûreté anéantit la tyrannie ecclésiastique et civile des melchites[1] ; les anathèmes de saint Cyrille retentirent dans toutes les chaires, et on rendit les églises et

  1. Héraclius avait chargé le patriarche Cyrus de la préfecture de l’Égypte et de la conduite de la guerre (Théoph., p. 280, 281). « Ne consultez-vous pas vos prêtres en Espagne ? disait Jacques II. — Oui, lui répondit l’ambassadeur du roi catholique, et nos affaires vont en conséquence. » Je n’ose, en vérité, rapporter les plans de Cyrus, qui voulait payer le tribut aux musulmans sans diminuer le revenu de l’empereur, et convertir Omar en lui faisant épouser la fille d’Héraclius (Nicephor., Breviar., p. 17, 18).