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qui m’ont déterminé à dévouer ma vie pour la cause de la religion ; je veux obtenir la faveur de Dieu et celle de son apôtre ; j’ai ouï dire à un des compagnons du prophète que les esprits des martyrs seront logés dans les jabots des oiseaux verts qui mangeront les fruits du paradis et qui boiront l’eau de ses rivières. Adieu : nous nous verrons au milieu des bocages et auprès des fontaines que Dieu réserve à ses élus. » Ceux des fidèles qui tombaient au pouvoir de l’ennemi avaient à exercer une constance moins active, mais beaucoup plus difficile ; et on applaudit un cousin de Mahomet qui, au bout de trois jours d’abstinence, refusa le vin et le cochon que la malice des infidèles lui offrit pour unique nourriture. La faiblesse de quelques musulmans moins courageux était un sujet de désespoir pour ces implacables fanatiques, et le père d’Amer déplora d’un ton pathétique l’apostasie et la damnation de son fils, qui avait renoncé aux promesses de Dieu et à l’intercession du prophète, pour occuper un jour, au milieu des prêtres et des diacres, les demeures les plus profondes de l’enfer. Ceux des Arabes plus heureux qui survécurent à la guerre, en persévérant dans la foi, furent préservés par leurs chefs du danger d’abuser de leur prospérité. Abu-Obeidah ne donna à ses troupes que trois jours de repos, et les éloignant de la contagion des mœurs d’Antioche, il assura le calife que les rigueurs de la pauvreté et du travail pouvaient seules maintenir leur religion et leur vertu. Mais la vertu d’Omar, si sévère pour lui--