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ment senti leur intrépide valeur dans la guerre offensive et défensive. Dans les habitudes et la discipline de la vie pastorale, les hommes se forment peu à peu aux vertus patientes et actives d’un soldat. Le soin des moutons et des chameaux est abandonné aux femmes de la tribu ; mais la belliqueuse jeunesse, toujours à cheval, armée et réunie sous le drapeau de l’émir, s’exerce à lancer des traits, à manier la javeline et le cimeterre. Le souvenir de leur longue indépendance est le gage le plus certain de sa durée ; chaque génération nouvelle se sent animée du désir de se montrer digne de ses ancêtres et de conserver l’héritage de valeur qui lui a été transmis. L’approche d’un ennemi commun suspend leurs querelles domestiques, et dans leurs dernières hostilités contre les Turcs, quatre-vingt mille confédérés attaquèrent et pillèrent la caravane de la Mecque. Ils marchent au combat animés par l’espérance de la victoire et conduisent derrière eux de quoi assurer leur retraite. Leurs chevaux ou leurs chameaux, qui en huit ou dix jours peuvent faire une marche de quatre ou cinq cents milles, disparaissent promptement aux yeux du vainqueur ; les eaux cachées du désert échappent à toutes ses recherches, et ses troupes victorieuses se consument de soif, de faim et de fatigue à la poursuite d’un ennemi invisible qui, méprisant

    Wesseling) a fait clairement connaître l’indépendance des Arabes Nabathéens, qui résistèrent aux armes d’Antigone et à celles de son fils.