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dre sur vous de tous côtés : demeurez devant Alep jusqu’à ce que Dieu décide l’événement, et que votre cavalerie fourrage les environs. » Des volontaires de toutes les tribus de l’Arabie, qui arrivèrent au camp montés sur des chevaux ou des chameaux, donnèrent un nouveau poids aux exhortations du calife. Parmi eux se trouvait Damès, guerrier d’une extraction servile, mais d’une taille gigantesque et d’un courage intrépide. Le quarante-septième jour de son service, il demanda trente hommes avec lesquels il se proposait de surprendre le château. Caled, qui le connaissait, appuya ce projet, et Abu-Obeidah avertit ses frères de ne pas mépriser la naissance de Damès ; il déclara que s’il pouvait abandonner les affaires publiques, il servirait de bon cœur sous les ordres de l’esclave. Afin de couvrir l’entreprise, les Sarrasins feignant de se retirer portèrent leur camp à environ une lieue d’Alep. Les trente aventuriers étaient en embuscade au pied de la colline, et Damès se procura enfin les éclaircissemens qu’il désirait ; mais ce ne fut pas sans s’emporter contre l’ignorance de ses captifs grecs. « Que Dieu maudisse ces chiens ! s’écriait l’ignorant Arabe : quel étrange et barbare langage viennent-ils nous parler ! » À l’heure la plus obscure de la nuit, il escalada la hauteur qu’il avait reconnue avec soin par un côté qui se trouvait plus accessible que les autres, soit que dans cette partie les pierres fussent plus dégradées, la pente plus inclinée ou la garde moins vigilante. Sept des plus robustes de ses camarades montèrent sur les épaules