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se trouvait sur une haute colline élevée par la main des hommes ; les flancs de cette hauteur presque perpendiculaire étaient garnis de pierres de taille, et l’on pouvait entièrement remplir le fossé de l’eau des sources voisines. La garnison, après avoir perdu trois mille hommes, était encore en état de se défendre ; et le chef héréditaire, le brave Youkinna, avait tué son frère, un saint moine, pour avoir osé prononcer le nom de paix. Un grand nombre de Sarrasins furent tués ou blessés durant ce siége, qui dura quatre ou cinq mois, et qui fut le plus pénible de tous les siéges de la guerre de Syrie : ils se retirèrent à un mille de la place, mais sans pouvoir tromper la vigilance de Youkinna ; ils ne réussirent pas davantage à épouvanter les chrétiens par l’exécution de trois cents captifs qu’ils décapitèrent sous les murs du château. Le calife connut d’abord par le silence et ensuite par les lettres d’Abu-Obeidah, que la patience de ses troupes était épuisée et qu’elles avaient perdu tout espoir de réduire cette forteresse, « Je partage par mes sentimens, lui répondit Omar, toutes les vicissitudes de votre fortune ; mais je ne puis en aucune manière vous permettre de lever le siége du château. Votre retraite diminuerait la réputation de nos armes, et exciterait les infidèles à fon-

    qu’une seule porte, sa circonférence est de cinq ou six cents pas, et des eaux croupissantes remplissent à moitié le fossé (Voyages de Tavernier, t. I, p. 149 ; Pococke, vol. II, part. I, p. 150). Les forteresses de l’Orient sont bien peu de chose aux yeux d’un Européen.