Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 10.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lier le désert où Ismaël et ses enfans doivent avoir établi leurs tentes à la face de leurs frères. Au reste, cet asservissement ne fut que passager ou local ; le corps de la nation a échappé à l’empire des plus puissantes monarchies. Sésostris ni Cyrus, Pompée ni Trajan, ne purent achever la conquête de l’Arabie ; et si le souverain actuel des Turcs[1] y exerce une apparence de juridiction, son orgueil est réduit à solliciter l’amitié d’un peuple qu’il est dangereux de provoquer et qu’on attaque vainement. La liberté des Arabes tient évidemment à leur caractère et à la nature de leur pays. Plusieurs générations avant Mahomet[2], les contrées d’alentour avaient cruelle-

    rent subjuguées par Palma, lieutenant de Trajan. (Dion-Cassius, l. LXVIII). Pétra était la capitale des Nabathéens, qui tiraient leur nom de l’aîné des enfans d’Ismaël (Genès., XXV, 12, etc., avec les Commentaires de saint Jérôme, de Le Clerc et de Calmet). Justinien abandonna un pays de palmiers de dix journées de marche, au sud d’Ælah (Procope, De bell. persico, l. I, c. 19) ; et les Romains avaient un centurion et une douane (Arrien, en Periplo Maris Erythrœi, p. 11, in Hudson, t. I) dans un endroit (λευκη κωμη, Pagus Albus, Hawara) du territoire de Médine (d’Anville, Mémoire sur l’Égypte, p. 243). C’est sur ces possessions réelles et quelques incursions nouvelles de Trajan (Peripl., p. 14, 15) que les historiens et les médailles ont fondé la supposition de la conquête de l’Arabie par les Romains.

  1. Niebuhr (Descript. de l’Arabie, p. 302, 303, 329-331) fournit les détails les plus récens et les plus authentiques sur le degré d’autorité que possèdent les Turcs en Arabie.
  2. Diodore de Sicile (t. II, l. XIX, p. 390-393 ; édit. de