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éloges, et d’artificieux controversistes ont trouvé dans cet état singulier, mais naturel, une prophétie et un miracle en faveur de la postérité d’Ismaël[1]. Des faits, qu’on ne peut ni dissimuler ni éluder, rendent cette manière de raisonner aussi indiscrète que superflue : le royaume d’Yémen a été subjugué tour à tour par les Abyssins, par les Persans, par les sultans d’Égypte[2] et par les Turcs[3] ; les saintes villes de la Mecque et de Médine ont plié à diverses reprises sous le joug d’un tyran tartare ; et la province romaine d’Arabie[4] comprenait en particu-

  1. Un docteur anonyme (Univers. History, vol. XX, édit. in-8o) a tiré de l’indépendance des Arabes une démonstration formelle de la vérité du christianisme. Un critique peut d’abord nier les faits et ensuite disputer sur le sens du passage de la Bible qu’on allègue (Genès., XVI, 12), sur l’étendue de son application et sur le fondement de la généalogie.
  2. Il fut subjugué (A. D. 1173) par un frère du grand Saladin, qui établit une dynastie des Curdes ou des Ayoubites. (Guignes, Hist. des Huns, t. I, p. 425 ; d’Herbelot, p. 477.)
  3. Par le lieutenant de Soliman Ier (A. D. 1538), et par Selim II (1568). Voy. Cantemir (Hist. de l’empire Ottoman, p. 201-221.) Le pacha qui résidait à Saana, donnait des ordres à vingt-un beys ; mais jamais il n’envoya aucun revenu à la Porte (Marsigli, Stato Militare dell’ imperio Ottomanno, p. 124), et les Turcs en furent chassés vers l’an 1630. (Niebuhr, p. 167, 168.)
  4. Les principales villes de la province romaine, qu’on appelait Arabie et la troisième Palestine, étaient Bostra et Petra, qui comptaient de l’année 100, époque où elles fu-