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couvert de villes florissantes, les habitans y étaient riches et en grand nombre ; et après avoir été lentement dévastée par le despotisme et la superstition, après les calamités récentes de la guerre de Perse, la Syrie pouvait encore exciter la rapacité des avides tribus du désert. Une plaine de dix journées, qui se prolonge de Damas à Alep et Antioche, est arrosée, du côté de l’occident, par le tortueux Oronte. Les hauteurs du Liban et de l’anti-Liban règnent du nord au sud, entre l’Oronte et la Méditerranée ; et on donna autrefois l’épithète de creuse (Cœlesyrie) à une longue et fertile vallée que deux chaînes de montagnes, toujours revêtues de neige[1], bornent dans la même direction. Parmi les villes désignées dans la géographie et l’histoire de la conquête de Syrie, par leurs noms grecs et leurs noms orientaux, on remarque Émèse ou Hems, Héliopolis ou Baalbek : la première, métropole de la plaine, et la seconde, capitale de la vallée. Sous le dernier des Césars, elles étaient bien fortifiées et remplies d’habitans ; leurs tours brillaient au loin ; des édifices publics et particuliers y couvraient un vaste terrain, et les citoyens en étaient célèbres par leur courage ou du moins par leur orgueil, par leurs richesses ou du moins par leur luxe. Sous le règne du paganisme, Emèse et Héliopolis adoraient Baal ou le Soleil ;

  1. Le savant et judicieux Reland (Palest., t. I, p. 311-326) a très-bien décrit la topographie du Liban et de l’anti-Liban.