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Cent députés du clergé et du peuple arrivèrent, vers le milieu de la nuit, dans la tente de ce respectable chef, qui les reçut et les renvoya avec politesse. Ils reportèrent à la ville une convention par écrit, où, sur la foi de l’un des compagnons du prophète, il était stipulé que toutes les hostilités cesseraient ; que les habitans de Damas auraient la liberté de se retirer avec ce qu’ils pourraient emporter de leurs effets ; que les sujets tributaires du calife jouiraient de leurs terres et de leurs maisons, et qu’on les laisserait en possession de sept églises. D’après ces conditions, on livra à Abu-Obeidah les otages les plus considérables, et la porte qui se trouvait le plus près de son camp ; ses soldats imitèrent sa modération, et il jouit de l’humble reconnaissance du peuple qu’il venait d’arracher à la destruction ; mais le succès de la négociation avait diminué la vigilance de la ville, et au même instant le quartier opposé à celui par où entrait Obeidah, venait d’être livré et pris d’assaut. Un parti de cent Arabes avait ouvert la porte orientale à un ennemi plus inflexible : « Point de quartier ! s’écria l’avide et sanguinaire Caled, point de quartier aux ennemis du Seigneur ! » Ses trompettes sonnèrent, et le sang des chrétiens inonda les rues de Damas. Lorsqu’il arriva à l’église de Sainte-Marie, il fut étonné d’y voir ses camarades, et indigné de leur attitude pacifique ; leurs glaives pendaient à leur côté, et une multitude de prêtres et de moines les environnait. Abu-Obeidah salua le général : « Dieu, lui dit-il, a remis la ville entre mes mains par capitulation,