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remparts, rentra dans la ville avec la promesse d’un puissant renfort qui ne tarderait pas à arriver. La joie tumultueuse qu’excita cette nouvelle en instruisit bientôt les Arabes. Après quelques discussions les généraux résolurent de lever ou plutôt de suspendre le siége, jusqu’à ce qu’ils eussent livré bataille aux forces de l’empereur. Pendant la retraite, Caled voulait se placer à l’arrière-garde, c’est-à-dire à l’endroit le plus périlleux ; il le céda modestement aux désirs d’Abu-Obeidah ; mais au moment du danger, il vola au secours de son compagnon, vivement pressé par six mille cavaliers et dix mille fantassins sortis de la ville, et dont il ne resta qu’un bien petit nombre pour aller raconter à Damas les circonstances de leur défaite. Cette guerre devenait assez importante pour exiger la réunion des Sarrasins dispersés sur les frontières de la Syrie et de la Palestine : je vais rapporter ici une des lettres circulaires envoyées pour cet effet aux différens gouverneurs. Celle-ci était adressée à Amrou, celui qui subjugua ensuite l’Égypte. « Au nom du Dieu miséricordieux, Caled à Amrou, santé et bonheur. Apprends que les musulmans, tes frères, ont le projet de se rendre à Aiznadin, où il y a une armée de soixante-dix mille Grecs, qui se proposent de marcher contre nous afin d’éteindre avec leur bouche la lumière de Dieu ; mais Dieu consente sa lumière en dépit des infidèles[1]. Dès que cette lettre aura été remise

  1. C’est un passage du Koran, c. IX, 32 ; LVI, 8. Les