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de croix bénites et de bannières consacrées. Romanus, gouverneur de cette ville, avait engagé, dès les premiers momens, les habitans à la soumission ; déposé par le peuple, qui le méprisait, il désirait vivement de se venger, et par malheur il en avait les moyens. Dans une entrevue nocturne qu’il eut avec les émissaires de Caled, il leur apprit qu’un passage pratiqué sous sa maison se prolongeait en dehors de la place : le fils du calife et cent volontaires se fièrent à la parole de Romanus, et, par une heureuse intrépidité, ouvrirent une route facile au reste des Sarrasins. Lorsque Caled eut réglé la servitude et le tribut auxquels devaient être assujettis les habitans, Romanus, apostat ou converti, se vanta dans l’assemblée du peuple d’une trahison si méritoire aux yeux de sa nouvelle religion. « Je renonce à votre société, ajouta-t-il, dans ce monde et dans l’autre ; je renie celui qui a été crucifié et tous ceux qui l’adorent ; je choisis Dieu pour mon maître, l’islamisme pour ma religion, la Mecque pour mon temple, les musulmans pour mes frères, et je reconnais pour mon prophète, Mahomet, envoyé sur la terre afin de nous conduire dans le chemin du salut, et de faire briller la véritable religion en dépit des hommes qui donnent des collègues à Dieu. »

Siége de Damas. A. D. 633.

Bosra n’était qu’à quatre journées de Damas[1],

  1. On trouve une description très-détaillée de Damas dans le shérif Al-Edrisi (Geogr. nubien., p. 116, 117) et