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de leurs ouvrages qui ont eu le plus de succès, absolument dépourvus de toute philosophie et de tout esprit de liberté, peuvent être comparés aux chroniques publiées par les moines à la même époque. La Bibliothéque orientale, que nous devons à un Français[1], instruirait le mufti le plus éclairé de l’Orient, et les Arabes ne trouveraient peut-être pas dans un seul de leurs historiens un récit de leurs exploits aussi clair et aussi complet que celui qu’on va lire.

Invasion de la Perse. A. D. 632.

I. La première année du règne du premier calife, Caled, son lieutenant, le glaive de Dieu et le fléau des infidèles, s’avança jusques aux rives de l’Euphrate, et soumit les villes d’Anbar et de Hira. Une tribu d’Arabes sédentaires s’était établie sur la frontière du désert, à l’ouest des ruines de Babylone, et Hira était la résidence d’une race de rois qui avaient adopté le christianisme, et qui régnaient depuis plus

    deux espèces d’historiens arabes, le froid analyste et l’orateur pompeux et boursoufflé.

  1. Bibliothéque orientale, par M. d’Herbelot, in-folio, Paris, 1697. Voyez sur le caractère de cet estimable auteur, Thevenot son ami (Voyages du Levant, part. I, c. 1). Son ouvrage est un composé de mélanges qui doivent satisfaire tous les goûts ; mais je n’ai jamais pu souffrir l’ordre alphabétique qu’il a suivi ; et je le trouve plus satisfaisant dans l’Histoire de la Perse que dans celle des Arabes. Le supplément qu’on a donné depuis peu, d’après les papiers de MM. Visdelou et Galland (in-folio, La Haie, 1775), est bien inférieur. C’est un recueil de contes, de proverbes et de détails sur les antiquités chinoises.