CHAPITRE LI.
Union des Arabes. A. D. 632.
La révolution de l’Arabie n’avait pas changé le caractère des Arabes ; la mort de Mahomet fut le signal de l’indépendance ; et l’édifice encore mal affermi de son pouvoir et de sa religion, fut ébranlé jusque dans ses fondemens. Une troupe fidèle et peu nombreuse, composée de ses premiers disciples, avait seule entendu son éloquente voix et partagé sa détresse ; ils avaient fui avec lui la persécution de la Mecque, ou avaient reçu les fugitifs dans les murs de Médine. Les millions d’hommes qui reconnurent ensuite Mahomet pour leur roi et leur prophète, avaient été contraints par ses armes ou séduits par ses succès. L’idée simple d’un seul Dieu, inaccessible aux sens, entrait difficilement dans l’esprit des polythéistes ; et ceux des chrétiens et des juifs qui avaient embrassé l’islamisme, dédaignaient le joug d’un législateur mortel qui avait été leur contemporain. Les habitudes de foi et d’obéissance n’étaient pas bien établies ; et parmi les nouveaux convertis, un grand nombre regrettaient la vénérable antiquité de la loi de Moïse, les rites et les mystères de l’Église catholique, ou les idoles, les sacrifices et les fêtes