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Il fut dangereux, sous leur règne, de contester leur naissance ; Mœz, un des califes fatimites, à qui on faisait une question indiscrète, répondit en tirant son cimeterre : « Voilà ma généalogie : » et jetant une poignée de pièces d’or à ses soldats : « Voilà ma famille et mes enfans. » Les descendans véritables ou supposés de Mahomet et d’Ali, soit princes, soit docteurs, nobles, marchands ou mendians, sont honorés des titres de sheiks ou chérifs ou émirs. Dans l’empire ottoman, ils se distinguent par un turban vert ; ils reçoivent une pension du trésor impérial ; ils ne sont jugés que par leur chef, et quelque abaissés qu’ils puissent être par la fortune ou par leur caractère, ils soutiennent toujours avec orgueil le titre de leur naissance. Une famille de trois cents personnes, postérité pure et orthodoxe du calife Hassan, s’est conservée sans tache et sans soupçon dans les saintes villes de la Mecque et de Médine : malgré les révolutions de douze siècles, elle a conservé la garde du temple et la souveraineté de la patrie de ses aïeux. La gloire ou le mérite de Mahomet anobliraient une race de plébéiens, et le sang si ancien des Koreishites surpasse la majesté beaucoup plus récente des autres rois de la terre[1].

    Chardin, t. III, p. 288) ; mais je ne puis tracer les degrés intermédiaires d’aucune de ces généalogies véritables ou fabuleuses. S’ils étaient vraiment Fatimites, ils tiraient peut-être leur origine des princes du Mazanderan qui régnaient au neuvième siècle (d’Herbelot, p. 96).

  1. Demetrius Cantemir (Hist. de l’Empire ottom., p. 94)