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d’une manière régulière, ces troupes se virent exposées aux dangers, à la fatigue et à la faim, et les chefs les plus audacieux désespéraient du succès. L’apôtre ranima leur fidélité et leur courage en leur citant les exploits d’Ali, qu’il surnomma le Lion de Dieu. Peut-être est-il possible de croire qu’en effet le redoutable cimeterre de celui-ci partagea en deux un guerrier juif d’une taille gigantesque ; mais il nous serait difficile de louer la sagesse des romanciers, qui nous le représentent arrachant de ses gonds la porte d’une forteresse, et couvrant son bras gauche de cet énorme bouclier[1]. Après la réduction des châteaux, la ville de Chaibar fut forcée de subir le joug. Le chef de la tribu fut mis à la torture en présence de Mahomet, qui voulait le forcer d’avouer en quel lieu il avait caché ses trésors ; l’industrie des pasteurs et des cultivateurs leur valut une indulgence précaire ; on leur permit d’améliorer leur patrimoine, mais sous le bon plaisir du vainqueur, et sous la condition de lui donner la moitié du produit. Sous le règne d’Omar, les Juifs de Chaibar furent transplantés en Syrie, et le calife déclara en cette occasion que son maître lui avait ordonné au lit de la mort de chasser

  1. Abu Rafe, serviteur de Mahomet, assura, dit-on, que ses forces réunies à celles de sept autres personnes, essayèrent vainement de relever de terre la même porte (Abulféda, p. 90). Abu Rafe était un témoin oculaire ; mais qui témoignera pour lui ?