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situé à trois milles de Médine ; mais ils se défendirent avec tant de valeur qu’ils obtinrent une capitulation honorable ; la garnison sortit tambour battant, et elle eut tous les honneurs de la guerre. Les Juifs avaient excité la guerre des Koreishites, et ils y avaient pris part ; du moment où les nations s’éloignèrent du fossé, Mahomet, sans déposer son armure, se mit en route la même journée, afin d’extirper la race ennemie des enfans de Koraidha. Après une résistance de vingt-cinq jours, ils se rendirent à discrétion. Ils comptaient sur l’intervention de leurs alliés de Médine ; mais ils auraient dû savoir que le fanatisme étouffe l’humanité. Un vieillard vénérable, au jugement duquel ils se soumirent, prononça l’arrêt de leur mort. Sept cents Juifs enchaînés furent conduits sur la place du marché : on les fit descendre vivans dans la fosse préparée pour leur exécution et leur sépulture, et le prophète vit d’un œil tranquille le massacre de ses ennemis désarmés. Les musulmans héritèrent de leurs brebis et de leurs chameaux ; trois cents cuirasses, cinq cents piques et mille lances, formèrent la partie la plus utile de leur dépouille. Chaibar, ville ancienne et riche, située à six journées au nord-est de Médine, était le centre de la puissance des Juifs en Arabie ; son territoire, fertile au milieu du désert, était couvert de plantations et de bétail, et défendu par huit châteaux, parmi lesquels on en comptait d’imprenables ; Mahomet avait deux cents cavaliers et quatorze cents fantassins : dans une suite de huit siéges laborieux qu’il fallut faire