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prophète arabe l’espoir d’Israël et le Messie qui leur avait été promis. L’opiniâtreté des Juifs convertit son affection en une haine implacable ; il persécuta ce peuple infortuné jusqu’au dernier moment de sa vie, et en sa double qualité d’apôtre et de conquérant, cette persécution s’étendit en ce monde et dans l’autre[1]. Les Kainoka habitaient Médine sous la protection de la cité ; Mahomet saisit l’occasion d’un tumulte élevé par hasard pour leur déclarer qu’ils devaient embrasser sa religion ou le combattre. « Hélas ! répondirent les Juifs tremblans, nous ne savons point manier les armes ; mais nous persévérons dans la croyance et le culte de nos pères ; et pourquoi veux-tu nous réduire à la nécessité d’une juste défense ? » Cette lutte inégale se termina en quinze jours, et ce fut avec une extrême répugnance que le prophète se rendit aux instances de ses alliés, et qu’il fit aux captifs grâce de la vie ; mais il confisqua leurs richesses. Leurs armes devinrent plus redoutables entre les mains des musulmans qu’elles ne l’avaient été dans les leurs, et sept cents malheureux exilés furent forcés d’aller avec leurs femmes et leurs enfans implorer un asile sur les frontières de la Syrie. Les Nadhirites étaient plus coupables, car ils avaient essayé d’assassiner le prophète au milieu d’une conférence amicale. Mahomet assiégea leur château,

  1. Abulféda (p. 61, 71, 77, 87, etc.) et Gagnier (t. II, p. 61-65, 107-112, 139-148, 268-294) racontent les guerres de Mahomet contre les tribus juives de Kainoka, des Nadhirites, de Koraidha et de Chaibar.