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tions un ton plus farouche et plus sanguinaire, qui prouve que son ancienne modération avait été la suite de sa faiblesse[1]. Il avait essayé les moyens de persuasion, l’époque de la patience était écoulée, et il déclara que Dieu lui ordonnait de propager sa religion par le glaive, de détruire les monumens de l’idolâtrie, et de poursuivre les nations incrédules sans avoir égard à la sainteté des jours ou à celle des mois. Il attribua à l’auteur du Pentateuque et de l’Évangile ces préceptes de sang que le Koran répète de page en page ; mais le caractère de douceur qu’offre le style de l’Évangile permet d’expliquer autrement le passage équivoque où il est dit que Jésus a apporté sur la terre non la paix, mais le glaive ; et on ne doit pas confondre ses vertus patientes et modestes avec le zèle intolérant des princes et des évêques qui ont déshonoré le nom de ses disciples. Pour justifier cette guerre de religion, Mahomet alléguait avec plus d’exactitude l’exemple de Moïse ou celui des juges et des rois d’Israël. Les lois militaires des Hébreux sont encore plus rigoureuses que celles du législateur arabe[2]. Le dieu des armées

  1. Les huitième et neuvième chapitres du Koran sont les plus véhémens et les plus farouches ; et Maracci (Prodromus, part. IV, p. 59, 64) s’est élevé avec plus de justice que de discrétion contre les expressions ambiguës employées par l’imposteur.
  2. Les dévots chrétiens de notre siècle lisent avec plus de respect que de satisfaction les dixième et vingtième chapitres du Deutéronome, avec les commentaires pratiques