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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

des mêmes provinces et de la même classe de leurs sujets, qui fournissaient des hommes aux légions :

    dans les derniers temps de la république et sous les premiers empereurs les jeunes nobles Romains obtinssent le commandement d’un escadron ou d’une cohorte avec plus de facilité que dans les temps antérieurs, ils n’y parvenaient guère sans avoir passé par un assez long service militaire. En général, ils servaient d’abord dans la cohorte prétorienne, qui était chargée de la garde du général : ils étaient reçus dans l’intimité de quelque officier supérieur (contubernium) et s’y formaient. C’est ainsi que Jules César, issu cependant d’une grande famille, servit d’abord comme contubernalis sous le préteur M. Thermus, et plus tard, sous Servilius l’Isaurien (Suét., Jul. 2-5. Plutarq., in Parall., p. 516, éd. Froben). L’exemple d’Horace, que Gibbon met en avant pour prouver que les jeunes chevaliers étaient faits tribuns dès qu’ils entraient au service, ne prouve rien. D’abord, Horace n’était point chevalier ; c’était le fils d’un affranchi de Vénuse (Venosa), dans la Pouille, qui exerçait la petite fonction d’huissier-priseur, coactor exauctionum. (Voyez Horace, sat. I, v. 6, 86.) D’ailleurs, quand le poète fut fait tribun, Brutus, dont l’armée était composée presque entièrement d’Orientaux, donnait ce titre à tous les Romains de quelque considération qui se joignaient à lui. Les empereurs furent encore moins difficiles dans leurs choix : le nombre des tribuns fut augmenté ; on en donna le titre et les honneurs à des gens qu’on voulait attacher à la cour. Auguste donna aux fils des sénateurs tantôt le tribunat, tantôt le commandement d’un escadron. Claude donna aux chevaliers qui entraient au service, d’abord le commandement d’une cohorte d’auxiliaires, plus tard, celui d’un escadron, et enfin, pour la première fois, le tribunat (Suétone, in Claud., p. 25, et les notes d’Ernesti). Les abus qui en provinrent donnèrent lieu à l’or-