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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

pesamment armée, qui en faisait la principale force[1], était divisée en dix cohortes et en cinquante-cinq compagnies, sous le commandement d’un pareil nombre de tribuns et de centurions. Le poste d’honneur et la garde de l’aigle appartenaient à la première cohorte, composée de mille cent cinq soldats, choisis parmi les plus estimés pour la valeur et pour la fidélité. Les neuf autres cohortes en avaient chacune cinq cent cinquante-cinq, et tout le corps de l’infanterie d’une légion montait à six mille cent hommes. Leurs armes étaient uniformes et admirablement adaptées à la nature de leur service : ils portaient un casque ouvert, surmonté d’une aigrette fort élevée, une cuirasse ou une cotte de mailles et des bottines, et ils tenaient à leur bras gauche un grand bouclier d’une forme ovale et concave, long de quatre pieds, large de deux et demi, fait d’un bois léger, couvert d’une peau de bœuf, et revêtu de fortes plaques d’airain. Outre un dard léger, le soldat légionnaire balançait dans sa main droite ce javelot formidable, appelé pilum, dont la longueur était

    sidérable de son obscur abrégé est prise des règlemens de Trajan ; la légion, telle qu’il la décrit, ne peut convenir à aucun autre siècle de l’Empire romain.

  1. Végèce, De re militari, l. II, c. 1. Du temps de Cicéron et de César, où les anciennes formes avaient reçu moins d’altération, le mot miles se bornait presque à l’infanterie. Dans le Bas-Empire et dans les siècles de chevalerie, il fut approprié presque exclusivement aux gens d’armes qui combattaient à cheval.