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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

torien qui avait combattu contre elles, l’effusion du sang était la seule différence que l’on remarquât entre un champ de bataille et un champ d’exercice[1]. Les plus habiles généraux, les empereurs même, encourageaient, par leur présence et par leur exemple, ces études militaires ; souvent Trajan et Adrien daignèrent instruire eux-mêmes les soldats les moins expérimentés, récompenser les plus habiles, et quelquefois disputer avec eux le prix de la force ou de l’adresse[2]. Sous le règne de ces princes, la tactique fut cultivée avec succès ; et tant que l’empire conserva quelque vigueur, leurs institutions militaires furent respectées comme le modèle le plus parfait de la discipline romaine.

Légions romaines sous les empereurs.

Neuf siècles de guerre avaient insensiblement introduit plusieurs changemens dans le service, et l’avaient perfectionné. Les légions décrites par Polybe[3], et commandées par les Scipions, différaient essentiellement de celles qui contribuèrent aux victoires de César, ou défendirent l’empire d’Adrien et des Antonins. Nous rapporterons en peu de mots ce qui constituait la légion impériale[4]. L’infanterie,

  1. Josèphe, De bello judaico, l. III, c. 5. Nous sommes redevables à cet écrivain juif de quelques détails très curieux sur la discipline romaine.
  2. Panégyrique de Pline, c. 13 ; Vie d’Adrien, dans l’Histoire Auguste.
  3. Voyez, dans le VIe livre de son histoire, une digression admirable sur la discipline des Romains.
  4. Végèce, De re militari, l. II, c. 4, etc. Une partie con-