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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

continuel objet de leur discipline : les recrues et les jeunes soldats étaient régulièrement exercés le matin et le soir ; et les vétérans, malgré leur âge, malgré une connaissance profonde de leur art, étaient obligés de répéter tous les jours ce qu’ils avaient appris dès leur plus tendre jeunesse. Dans les quartiers d’hiver, on élevait de vastes appentis, afin que les exercices des soldats ne fussent point interrompus par les rigueurs de la saison. Dans ces imitations de la guerre, on avait soin de leur faire prendre des armes deux fois plus pesantes que celles dont on se servait dans une action réelle[1]. Une description exacte des exercices des Romains n’entre point dans le plan de cet ouvrage : nous remarquerons seulement qu’ils embrassaient tout ce qui peut donner de la force au corps, de la souplesse aux membres et de la grâce aux mouvemens. On apprenait soigneusement aux soldats à marcher, à courir, à sauter, à nager, à porter de lourds fardeaux, à manier toutes sortes d’armes offensives et défensives, à former un grand nombre d’évolutions, et à exécuter au son de la flûte la danse pyrrhique ou militaire[2]. Au sein de la paix, les troupes romaines se familiarisaient avec la guerre : selon l’observation d’un ancien his-

  1. Végèce, l. II, et le reste de son premier livre.
  2. M. Le Beau a jeté un très-grand jour sur le sujet de la danse pyrrhique dans le Recueil de l’Académie des inscriptions, tome XXXV, p. 262, etc. Ce savant académicien a rassemblé, dans une suite de mémoires, tous les passages que nous ont laissés les anciens concernant la légion romaine.