Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

soumettaient leurs différends à la décision de l’empereur ; et, selon le témoignage d’un historien contemporain, des ambassadeurs qui étaient venus solliciter à Rome l’honneur d’être admis au nombre de ses sujets, s’en retournèrent sans avoir pu obtenir cette distinction[1].

Guerres défensives de Marc-Aurèle.

La terreur des armes romaines ajoutait de la dignité à la modération des souverains, et la rendait plus respectable. Ils conservaient la paix en se tenant perpétuellement préparés à la guerre ; et en même temps que l’équité dirigeait leur conduite, les nations voisines s’apercevaient bien qu’ils étaient aussi peu disposés à supporter l’offense qu’à offenser eux-mêmes. Marc-Aurèle employa contre les Germains et les Parthes ces forces redoutables qu’Adrien et son successeur s’étaient contentés de déployer autour de leurs frontières. Les attaques des Barbares provoquèrent le ressentiment de ce prince philosophe : forcé de prendre les armes pour se défendre, Marc-Aurèle remporta, par lui-même ou par ses généraux, plusieurs victoires sur l’Euphrate et sur le Danube[2]. Examinons maintenant les établissemens militaires de l’Empire romain. Il est

  1. Appien d’Alexandrie, dans la préface de son Histoire des guerres romaines.
  2. Dion, l. LXXI, Histoire Auguste, in Marco. Les victoires remportées sur les Parthes ont fait naître une foule de relations dont les méprisables auteurs ont été sauvés de l’oubli, et tournés en ridicule dans une satire très-ingénieuse de Lucien.