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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

furent de Rome à Lanuvie, où il se retirait pour goûter les douceurs de la campagne[1].

Système pacifique d’Adrien et des deux Antonins.

Malgré cette différence dans leur conduite personnelle, Adrien et les deux Antonins s’attachèrent également au système général embrassé par Auguste. Ils persistèrent dans le projet de maintenir la dignité de l’empire, sans entreprendre d’en reculer les bornes : on vit même ces princes employer toutes sortes de moyens honorables pour gagner l’amitié des Barbares. Leur but était de convaincre le genre humain que Rome, renonçant à toute idée de conquête, n’était plus animée que par l’amour de l’ordre et de la justice. Le succès couronna pendant quarante-trois ans cette politique respectable ; et si nous en exceptons un petit nombre d’hostilités qui ne servaient qu’à exercer les légions répandues sur la frontière, l’univers fut en paix sous les règnes fortunés d’Adrien et d’Antonin-le-Pieux[2]. Le nom romain était respecté parmi les nations de la terre les plus éloignées ; souvent les Barbares les plus fiers

  1. Voyez l’Histoire Auguste, et les Epitomes.
  2. Il ne faut cependant pas oublier que, sous le règne d’Adrien, le fanatisme arma les Juifs, et excita une rebellion violente dans une province de l’empire. Pausanias (l. 8, c. 43) parle de deux guerres nécessaires, terminées heureusement par les généraux d’Antonin-le-Pieux : l’une contre les Maures vagabonds, qui furent chassés dans les déserts du mont Atlas ; l’autre contre les Brigantes, tribu bretonne qui avait envahi la province romaine. L’Histoire Auguste fait mention, p. 19, de ces deux guerres et de plusieurs autres hostilités.