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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

pourrait devenir très-avantageuse, et que les Bretons porteraient leurs chaînes avec moins de répugnance, lorsque la vue et l’exemple de la liberté seraient entièrement éloignés de leurs regards.

Mais le mérite supérieur d’Agricola le fit bientôt rappeler de son gouvernement de Bretagne, et ce plan de conquête, si raisonnable malgré son étendue, fut alors manqué pour jamais. Avant son départ, ce prudent général avait songé à assurer ces nouvelles possessions. Il avait observé que l’île est presque divisée en deux parties inégales par les deux golfes opposés, formant ce qu’on appelle maintenant le passage d’Écosse[1]. À travers l’étroit intervalle d’environ quarante milles, qui les sépare l’un de l’autre, il établit une ligne de postes militaires qui ensuite, sous le règne d’Antonin-le-Pieux, fut fortifiée d’un rempart de gazon, dont les fondations étaient en pierres[2]. Cette muraille, bâtie un peu au-delà d’Édimbourg et de Glasgow, devint la limite de la province romaine[3]. Les Calédoniens conser-

  1. Firth of Scotland.
  2. Voyez Britannia romana, par Horsley, l. I, c. 10.
  3. Agricola fortifia le passage situé entre Dunbritton et Édimbourg, par conséquent en Écosse même. L’empereur Adrien, pendant son séjour en Angleterre, vers l’an 121, fit élever un rempart de gazon entre Newcastle et Carlisle. Antonin-le-Pieux, ayant remporté de nouvelles victoires sur les Calédoniens, par l’habileté de son lieutenant, Lollius Urbicus, fit construire un nouveau rempart de gazon entre Édimbourg et Dunbritton. Septime Sévère enfin, en 208, fit