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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

par un traité honorable, la restitution des drapeaux et des prisonniers qui avaient été enlevés à l’infortuné Crassus[1].

Ses généraux, dans les premières années de son règne, essayèrent de subjuguer l’Éthiopie et l’Arabie Heureuse : ils marchèrent l’espace de trois cents lieues environ au midi du tropique ; mais la chaleur du climat arrêta bientôt les conquérans, et protégea les habitans peu guerriers de ces régions éloignées[2].

  1. Dion Cassius (l. LIV, p. 736), avec les notes de Reimar, qui a rassemblé tout ce que la vanité romaine nous a laissé sur ce sujet. Le marbre d’Ancyre, sur lequel Auguste avait fait graver ses exploits, nous dit positivement que cet empereur força les Parthes à restituer les drapeaux de Crassus (*).
    (*) Les poètes latins ont célébré avec pompe ce paisible exploit d’Auguste. Horace, lib. IV, od. 15, a dit :

    Tua, Cæsar, ætas

    … Signa nostro restituit Jovi
    Derepta Parthorum superbis
    Postibus.

    et Ovide, dans ses Tristes, l. 2, v. 227 :

    Nunc petit Armenius pacem, nunc porrigit arcum
    Parthus eques, timida captaque signa manu.

    (Note de l’Éditeur.)
  2. Strabon (l. XVI, p. 780), Pline (Hist. nat., l. VI, c. 32, 35) et Dion Cassius (l. LIII, p. 723, et l. LIV, p. 734) nous ont laissé sur ces guerres des détails très-curieux. Les Romains se rendirent maîtres de Mariaba ou Merab, ville de l’Arabie Heureuse, bien connue des Orientaux. (Voy. Abulféda, et la Géographie nubienne, p. 52.) Ils pénétrèrent jusqu’à trois journées de distance du pays qui produit les épices, principal objet de leur invasion (**).
    (**) C’est cette ville de Merab que les Arabes disent avoir été la