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l’innocence de ce jeune prince pouvait exciter une compassion dangereuse, il ordonna, sans égard pour ses cris et pour ses supplications, qu’il fût saisi, dépouillé et conduit aussitôt à la mort. Après un moment d’hésitation, la cruelle sentence fut exécutée[1].

Règne de Philippe.

À son retour de l’Orient, Philippe, dans la vue d’effacer le souvenir de ses crimes et de se concilier l’affection du peuple, solennisa dans Rome les jeux séculaires avec une pompe et une magnificence éclatantes. [Jeux séculaires. A. D. 248, 21 avril.]Depuis Auguste, qui les avait fait renaître, ou plutôt institués[2], ils avaient été cé-

  1. L’Histoire Auguste (p. 163, 164) ne peut ici se concilier avec elle-même ni avec la vraisemblance. Comment Philippe pouvait-il condamner son prédécesseur, et cependant consacrer sa mémoire ? comment pouvait-il faire exécuter publiquement le jeune Gordien, et cependant protester au sénat, dans ses lettres, qu’il n’était point coupable de sa mort ? Philippe, quoique usurpateur et ambitieux, ne fut point un tyran insensé. D’ailleurs Tillemont et Muratori ont découvert des difficultés chronologiques dans cette prétendue association de Philippe à l’empire.
  2. Ce qui nous a été rapporté sur la prétendue célébration de ces jeux à l’époque où ils avaient eu lieu, nous dit-on pour la dernière fois, est si obscur et si peu authentique, quoique cette époque se place dans un temps déjà éclairé, qu’il me semble que l’alternative ne peut se soutenir. Lorsque Boniface VIII institua les jubilés, et voulut que, comme les jeux séculaires, ils se célébrassent tous les cent ans, ce pape artificieux prétendit qu’il faisait seulement renaître une ancienne institution. Voy. M. Le Chais, Lettres sur les jubilés.