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pût servir d’asile à l’ennemi, ou lui procurer des vivres. Tels avaient été les ordres des généraux du sénat, dont le sage projet était de prolonger la guerre, de ruiner l’armée de Maximin par les attaques lentes de la famine, et de l’obliger à consumer ses forces au siége des principales villes d’Italie, abondamment pourvues d’hommes et de munitions.

Siége d’Aquilée.

Aquilée reçut et soutint le premier choc de l’invasion. Les courans qui tombent dans la mer Adriatique, à l’extrémité du golfe de ce nom, grossis alors par la fonte des neiges[1], opposèrent aux armes de Maximin un obstacle imprévu : cependant il fit construire un pont avec de grosses futailles artistement liées ensemble ; et dès qu’il se fut transporté de l’autre côté du torrent, il arracha les vignes qui embellissaient les environs d’Aquilée ; démolit les

  1. Muratori (Annali d’Italia, t. II, p. 294) pense que la fonte des neiges indique plutôt le mois de juin ou de juillet que celui de février. L’opinion d’un homme qui passait sa vie entre les Alpes et les Apennins, est, sans contredit, d’un grand poids ; il faut cependant observer, 1o. que le long hiver dont Muratori tire avantage, ne se trouve que dans la version latine, et que le texte grec d’Hérodien n’en fait pas mention ; 2o. que les pluies et le soleil, auxquels les soldats de Maximin furent tour à tour exposés (Hérodien, l. VIII, p. 277), désignent le printemps plutôt que l’été. Ce sont ces différens courans, qui, réunis dans un seul, forment le Timave, dont Virgile nous a donné une description si poétique, dans toute l’étendue du mot. Ils roulent leurs eaux à douze milles environ à l’est d’Aquilée. Voyez Cluvier, Italia Antiqua, t. I, p. 189, etc.