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rances sur la vertu et sur la réputation des nouveaux empereurs. Le genre particulier de leurs talens les rendait propres chacun aux différens départemens de la guerre et de la paix. Ils pouvaient être assis sur le même trône sans qu’il s’élevât entre eux aucune émulation dangereuse. Orateur distingué, poète célèbre, sage magistrat, Balbin avait exercé avec intégrité et avec de justes applaudissemens la juridiction civile dans presque toutes les provinces intérieures de l’empire. Sa naissance était illustre[1], sa fortune considérable ; ses manières étaient généreuses et affables : un sentiment de dignité corrigeait en lui l’amour du plaisir, et les charmes d’une vie agréable ne le détournèrent jamais de l’application aux affaires. Maxime avait moins d’aménité dans le caractère : sorti d’une origine obscure, il s’était élevé, par son habileté et par sa valeur, aux premiers emplois de l’état et de l’armée. Ses victoires sur les Sarmates et sur

  1. Il descendait de Cornelius-Balbus, noble espagnol, et fils adoptif de Théophanes, l’historien grec. Balbus obtint le droit de bourgeoisie par la faveur de Pompée, et il dut la conservation de ce titre à l’éloquence de Cicéron. (Voyez Oratio pro Corn. Balbo.) L’amitié de César, auquel il rendit en secret d’importans services dans la guerre civile, lui procura les dignités de consul et de pontife, honneurs dont aucun étranger n’avait encore été revêtu. Le neveu de ce Balbus triompha des Garamantes. Voyez le Dictionnaire de Bayle, au mot Balbus : ce judicieux écrivain distingue plusieurs personnages de ce nom, et relève avec son exactitude ordinaire les méprises de ceux qui ont traité le même sujet.