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pereurs avec le consentement général de cette province. Rendons des actions de grâces, continua-t-il courageusement, à la jeunesse de Thysdrus ; rendons des actions de grâces à nos généreux défenseurs, les fidèles habitans de Carthage, qui nous délivrent d’un monstre horrible. Pourquoi m’écoutez-vous ainsi froidement, hommes timides ? pourquoi jetez-vous l’un sur l’autre des regards inquiets ? pourquoi hésitez-vous ? Maximin est l’ennemi de l’état : Puisse son inimitié expirer bientôt avec lui ! puissions-nous recueillir long-temps les fruits de la sagesse et de la fortune de Gordien le père, de la valeur et de la constance de Gordien le fils[1] ! » La noble ardeur du consul ranima l’esprit languissant du sénat. [Il déclare Maximin ennemi public.]Un décret unanime ratifia l’élection des Gordiens, déclara Maximin, son fils et tous leurs partisans traîtres à la patrie, et offrit de grandes récompenses à ceux qui auraient le courage ou le bonheur d’en délivrer l’état.

Le sénat prend le commandement de Rome et de l’Italie.

Dans l’absence de l’empereur, un détachement des gardes prétoriennes était resté à Rome, pour défendre ou plutôt pour gouverner la capitale. Le préfet Vitalien avait signalé sa fidélité envers Maximin, par l’ardeur avec laquelle il avait exécuté et même prévenu ses ordres cruels. Sa mort seule pouvait assurer l’autorité chancelante des sénateurs, et mettre leurs personnes à l’abri de tout danger. Avant

  1. Ce courageux discours paraît avoir été tiré des registres du sénat : il est inséré dans l’Histoire Auguste, p. 156.