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borent l’étendard de la rebellion contre le maître de l’Empire romain. Ils fondaient leurs espérances sur la haine générale qu’avait inspirée Maximin, et ils prirent sagement le parti d’opposer à ce tyran détesté un empereur qui, par des vertus douces, se fût déjà concilié l’amour des peuples, et dont l’autorité sur la province donnât du poids à leur entreprise. Gordien, leur proconsul, qu’ils avaient choisi, refusa de bonne foi ce dangereux honneur. Il les conjura, les larmes aux yeux, de lui laisser terminer en paix une vie innocente, et de ne pas le forcer à tremper ses mains, déjà affaiblies par l’âge, dans le sang de ses concitoyens. Leurs menaces le contraignirent d’accepter la pourpre impériale, seul rempart qui lui restât désormais contre la fureur de Maximin ; puisque, selon la maxime d’un tyran, on mérite la mort dès qu’on a été jugé digne du trône, et que délibérer, c’est déjà se rendre coupable de rebellion[1].

Caractère et élévation des deux Gordiens.

La famille de Gordien était une des plus illustres du sénat de Rome. Il descendait des Gracques par son père, et par sa mère, de l’empereur Trajan. Une fortune considérable le mettait en état de soutenir la dignité de sa naissance, et dans l’usage qu’il

    quante milles au sud de Carthage. Ce furent probablement les Gordiens qui donnèrent le titre de colonie à cette ville, et qui y firent bâtir un bel amphithéâtre que le temps a respecté. Voy. Itineraria, Wesseling, p. 59, et les Voyages de Shaw, p. 117.

  1. Hérodien, l. VII, p. 239 ; Hist. Aug., p. 153.