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ces dépouilles sacrées, rougissaient de les recevoir. Quoique endurcis à la violence, ils redoutaient les justes reproches de leurs parens et de leurs amis. Il s’éleva dans tout l’univers romain un cri général d’indignation, qui appelait la vengeance sur la tête de l’ennemi commun du genre humain ; enfin, un acte particulier d’oppression souleva contre lui les habitans d’une province jusque alors tranquille et désarmée[1].

Révolte en Afrique.

L’intendant de l’Afrique était le digne ministre d’un maître qui regardait les amendes et les confiscations comme une des branches les plus considérables du revenu impérial. Une sentence inique avait été portée contre quelques-uns des jeunes gens les plus riches de la contrée ; son exécution les aurait dépouillés de la plus grande partie de leur patrimoine. Dans cette extrémité, le désespoir leur inspire une résolution qui devait compléter ou prévenir leur ruine. Après avoir obtenu trois jours avec beaucoup de difficultés, ils profitent de ce délai pour faire venir de leurs terres et rassembler autour d’eux un grand nombre d’esclaves et de paysans armés de haches et de massues, et entièrement dévoués aux ordres de leurs seigneurs. Les chefs de la conspiration ayant été admis à l’audience de l’intendant, le frappent de leurs poignards, qu’ils avaient cachés sous leurs robes. Suivis aussitôt d’une troupe tumultueuse, ils s’emparent de la petite ville de Thysdrus[2], et ar-

  1. Hérodien, l. VII, p. 238 ; Zosime, l. I, p. 15.
  2. Dans le fertile territoire de Bysacium, à cent cin-