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CHAPITRE VII.

Élévation et tyrannie de Maximin. Rebellion en Afrique et en Italie, sous l’autorité du sénat. Guerres civiles et séditions. Morts violentes de Maximin et de son fils, de Maxime et de Balbin, et des trois Gordiens. Usurpation et jeux séculaires de Philippe.

Apparence ridicule et avantages solides d’une succession héréditaire.

De tous les gouvernemens établis parmi les hommes, une monarchie héréditaire est celui qui semble d’abord prêter le plus au ridicule. Peut-on voir en effet, sans un sourire d’indignation, à la mort du père, la propriété d’une nation, semblable à celle d’un vil troupeau, passer à un enfant au maillot, également inconnu au genre humain et à lui-même, et les guerriers les plus braves, les citoyens les plus habiles, renonçant à leur droit naturel, s’approcher du berceau royal les genoux ployés, et faire à cet enfant des protestations d’une fidélité inviolable ? Telles sont les couleurs sous lesquelles la satire et la déclamation peignent ce tableau : mais elles ont beau le charger, en y réfléchissant mûrement, on sent combien est respectable et utile un préjugé qui règle la succession, et qui la rend indépendante des passions humaines. On applaudit de bonne foi à tout ce qui concourt à enlever à la multitude le pouvoir dangereux et réellement idéal de se donner un chef.

Dans le silence de la retraite on peut tracer des formes de gouvernement, où le sceptre soit remis