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lace. La dignité, la liberté, l’autorité du sénat, furent rétablies, et tous les vertueux sénateurs purent, sans crainte et sans honte, approcher de leur souverain.

Alexandre refuse le nom d’Antonin.

Le nom d’Antonin, ennobli par les vertus de Marc-Aurèle et de son prédécesseur, avait passé, par adoption, au débauché Verus, et, par droit de naissance, au cruel Commode. Après avoir été la distinction la plus honorable des fils de Sévère, il fut accordé à Diadumenianus, et enfin souillé par l’infamie du grand-prêtre d’Émèse. Alexandre, malgré les instances étudiées ou peut-être sincères du sénat, refusa noblement d’emprunter l’éclat de ce nom illustre, tandis que, par sa conduite, il s’efforçait de rétablir la gloire et le bonheur du siècle des véritables Antonins[1].

Il entreprend de réformer l’armée.

Dans l’administration civile, la sagesse de ce prince était soutenue par l’autorité. Le peuple sentait sa félicité, et payait de son amour et de sa reconnaissance les bienfaits de son souverain. Il restait encore une entreprise plus grande, plus nécessaire, mais plus difficile à exécuter, la réforme de

  1. La dispute qui s’éleva à ce sujet entre Alexandre et le sénat, se trouve extraite des registres de cette compagnie dans l’Hist. Auguste, p. 116, 117. Elle commença le 6 mars, probablement l’an 223, temps où les Romains avaient goûté pendant près d’un an les douceurs du nouveau règne. Avant d’offrir au prince la dénomination d’Antonin comme un titre d’honneur, le sénat avait voulu attendre pour savoir s’il ne la prendrait pas comme un nom de famille.