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images de ces héros qui ont mérité la reconnaissance et la vénération de la postérité, par le soin qu’ils ont pris de former ou de perfectionner la nature humaine[1]. Mais l’empereur, persuadé que les services rendus à ses semblables sont le culte le plus pur aux yeux de l’Être suprême, passait la plus grande partie de la matinée dans son conseil, où il discutait les affaires publiques, et terminait les causes particulières avec une prudence au-dessus de son âge.

  1. Alexandre admit dans sa chapelle tous les cultes répandus dans l’empire : il y reçut Jésus-Christ, Abraham, Orphée, Apollonius de Tyane, etc. (Lamprid., in Hist. Aug., c. 29.) Il est presque certain que sa mère Mammée l’avait instruit dans la morale du christianisme ; les historiens s’accordent généralement à la dire chrétienne ; il y a lieu de croire du moins qu’elle avait commencé à goûter les principes du christianisme. (Voy. Tillemont, sur Alexandre Sévère.) Gibbon n’a pas rappelé cette circonstance ; il paraît même avoir voulu rabaisser le caractère de cette impératrice : il a suivi presque partout la narration d’Hérodien, qui, de l’aveu même de Capitolin (in Maximino, c. 13), détestait Alexandre. Sans croire aux éloges exagérés de Lampride, il eût pu ne pas se conformer à l’injuste sévérité d’Hérodien, et surtout ne pas oublier de dire que le vertueux Alexandre Sévère avait assuré aux Juifs la conservation de leurs priviléges, et permis l’exercice du christianisme. (Hist. Aug., p. 121.) Des chrétiens ayant établi leur culte dans un lieu public, des cabaretiers en demandèrent à leur place, non la propriété, mais l’usage : Alexandre répondit qu’il valait mieux que ce lieu servît à honorer Dieu, de quelque manière que ce fût, qu’à des cabaretiers. (Hist. Aug., p. 131.) (Note de l’Éditeur.)