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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

été importantes, semblerait ne pas devoir mériter notre attention ; mais on suppose, avec beaucoup de vraisemblance, que l’invasion de Sévère tient à l’époque la plus brillante de l’histoire ou de la fable des anciens Bretons. Un auteur moderne vient de faire revivre dans notre langue les exploits et la gloire des poètes et des héros qui vivaient dans ces temps reculés. Fingal, dit-on, commandait alors les Calédoniens ; il osa braver la puissance formidable de Sévère, et il remporta sur les rives du Carun, une victoire signalée, dans laquelle le fils du roi du monde, Caracul, prit la fuite avec précipitation à travers les champs de son orgueil[1].

Contraste des Calédoniens et des Romains.

Ces traditions écossaises sont toujours couvertes de quelques nuages que, jusqu’à présent, les recherches les plus ingénieuses des critiques[2] n’ont pu dissiper entièrement. Mais si nous pouvions nous permettre, avec quelque certitude, cette séduisante

  1. Poésies d’Ossian, vol. I, p. 131, édit. de 1765.
  2. L’opinion que le Caracul d’Ossian est le Caracalla des Romains, est peut-être le seul point d’antiquité britannique sur lequel M. Macpherson et M. Whitaker soient d’accord ; et cependant cette opinion n’est pas sans difficulté. Dans la guerre de Calédonie, le fils de Sévère n’était connu que par le nom d’Antonin. N’est-il pas singulier qu’un poète écossais ait donné à ce prince un sobriquet inventé quatre ans après cette expédition, dont les Romains ont à peine fait usage de son vivant, et que les anciens historiens emploient très-rarement ? (Voyez Dion, l. LXXVII, p. 1317 ; Histoire Aug., p. 89 ; Aurel.-Victor ; Eusèbe, in Chron. ad ann 214.)