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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

ment qui sont rarement le partage de son sexe. Ses aimables qualités ne firent jamais une impression bien vive sur le caractère sombre et jaloux de son mari. Sous le règne de son fils, lorsqu’elle dirigea les principales affaires de l’empire, elle montra une prudence qui affermit l’autorité de ce jeune prince, et une modération qui en corrigea quelquefois les folles extravagances[1]. Julie cultiva les lettres et la philosophie avec quelque succès et avec une grande réputation. Elle protégea les arts, et fut l’amie de tout homme de génie[2]. Son mérite a été célébré par des écrivains qui représentent cette princesse comme un modèle accompli. La reconnaissance les a sans doute aveuglés. En effet, si nous devons ajouter foi à la médisance de l’histoire ancienne, la chasteté n’était pas la vertu favorite de l’impératrice Julie[3].

Leurs deux fils, Caracalla et Géta.

Deux fils, Caracalla[4] et Géta, étaient le fruit

  1. Dion-Cassius, l. LXXVII, p. 1304, 1314.
  2. Voyez une dissertation de Ménage, à la fin de son édition de Diogène Laërce, De fæminis philosophis.
  3. Dion, l. LXXVI, p. 1285 ; Aurelius-Victor.
  4. Il fut d’abord nommé Bassianus, comme son grand-père maternel. Pendant son règne, il prit le nom d’Antonin, sous lequel les jurisconsultes et les anciens historiens l’ont désigné. Après sa mort, ses sujets indignés lui donnèrent les sobriquets de Tarantus et de Caracalla : le premier était le nom d’un célèbre gladiateur ; l’autre venait d’une longue robe gauloise, dont le fils de Sévère fit présent au peuple romain.